Entretien avec Amèle Debey : L’Impertinent, un Média Alternatif pour une Presse Libre - Mars 2025
Date : Septembre 2024 (contexte implicite basé sur la date système et les références aux JO)
Locuteurs : Louis Fouché, Amèle Debey
Thème : Journalisme indépendant, création de L’Impertinent, et réflexions sur la liberté d’information
[Musique d’introduction]
Introduction par Louis Fouché
Louis Fouché :
Bonjour à tous, je suis ravi de vous retrouver. Je suis Louis Fouché. On est réunis pour des entretiens pour donner la parole à des gens qui essaient de changer le monde à leur manière, de faire de leur mieux au quotidien, de mettre leurs talents au service du "nous" et du bien commun. J’essaie de leur donner la parole, car je pense que ce sont eux qui forgent des choses importantes. Aujourd’hui, j’ai la chance de recevoir Amèle Debey. Bonjour Amèle, ça va, tu vas bien ?
Amèle Debey :
Bonjour Louis, ça va, et toi ?
Louis Fouché :
Ouais, ça va bien. Merci d’être avec nous dans cet été torride des Jeux Olympiques, où Paris est en cage, Marseille sous surveillance, et l’Occident en train de s’effondrer tranquillement. Toi, tu regardes ça depuis quelques années, tu es journaliste, c’est ça ?
Amèle Debey :
Hm hm, c’est un titre qui n’a pas forcément bonne presse auprès du grand public aujourd’hui.
Le métier de journaliste selon Amèle Debey
Louis Fouché :
Comment perçois-tu ça ? Comment vois-tu ton métier ?
Amèle Debey :
C’est vrai qu’il y a de quoi s’inquiéter, surtout ces dernières années, pendant la crise du Covid. En ce qui me concerne, je crois toujours en la possibilité d’une presse affranchie de ses liens d’intérêt, qui continue à faire son travail. C’est ce que j’essaie de faire avec L’Impertinent depuis 2020. Ce sont les lecteurs ou spectateurs qui choisiront quels médias disparaîtront et哪些 deviendront prépondérants dans le paysage médiatique.
Louis Fouché :
Tu dis que L’Impertinent, dont tu es rédactrice en chef, a été créé en 2020, au moment d’une grande crise de l’information. Qu’est-ce qui t’a poussée à faire ça ? Ton CV montre que tu étais partie pour le journalisme mainstream, tu as même été chez Morandini. Qu’est-ce qui t’a fait bifurquer ? Un élément déclencheur ?
Genèse de L’Impertinent
Amèle Debey :
J’ai une carrière assez éclectique, j’ai travaillé dans plusieurs rédactions à Paris, puis à Lausanne. Pendant le Covid, j’étais au chômage, avec le temps d’éplucher les conférences de presse. Je me suis rendu compte que les journalistes ne faisaient plus leur travail : manque d’information nuancée, mise en perspective absente, ils étaient devenus les porte-parole du pouvoir. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire, que je devais continuer ce métier noble, un des plus beaux au monde. C’est comme ça que j’ai lancé L’Impertinent. Ma première interview a fait 147 000 vues, je ne m’attendais pas à un tel écho. Au début, je l’ai fait pour ne pas rester inactive dans cette cacophonie où tout le monde perdait la tête. Après coup, j’ai vu que ça répondait à un besoin public : les gens en avaient marre d’être pris en otage par des informations anxiogènes.
Louis Fouché :
Ça a commencé comme une façon de ne pas devenir folle, de garder la mesure, une chronique des jours pour témoigner ? C’est un journalisme écrit, pas généré par IA, avec une qualité littéraire. Écrire, c’est raconter une histoire, comme un romancier ?
Amèle Debey :
Je sépare bien les deux. Les Chroniques Impertinentes racontent avec ma plume ma façon de vivre les choses. Mais L’Impertinent reste un média, avec les clés du journalisme que j’ai apprises sur le tas – je n’ai pas fait d’études de journalisme, ce qui m’a évité un certain moule imparfait.
Louis Fouché :
Il y a une différence entre roman, chronique et journalisme ?
Amèle Debey :
Oui, L’Impertinent répond à une éthique journalistique de base. J’ai écrit des articles qui ne plaisaient pas forcément à la "résistance Covid", remettant en cause certaines choses, ce qui a déplu à ma base de lecteurs. J’essaie de mettre de la nuance, de ne pas choisir un camp, de rester journaliste et pas militante. Ça va de la crédibilité : pour avoir un impact, il faut que les gens aient confiance en nos informations.
Éthique et défis de L’Impertinent
Louis Fouché :
C’est un gros enjeu. Beaucoup de médias alternatifs tombent dans la démagogie, maintenant leur auditoire dans la peur ou la doxa, en contrepoint du pouvoir.
Amèle Debey :
Absolument. Comme tu l’as dit dans une interview, on finit par faire ce qu’on reproche aux autres. C’est cet écueil que j’ai voulu éviter.
Louis Fouché :
D’autres personnes écrivent dans L’Impertinent ?
Amèle Debey :
Oui, un journaliste m’a rejoint récemment, un chroniqueur numérique aussi, ex-haut placé dans le renseignement, et des chroniqueurs occasionnels. J’accueille des plumes différentes si le point de vue est pertinent. Heureusement, car c’est beaucoup de boulot !
Louis Fouché :
Qu’est-ce qui décide des sujets ? L’actualité ou tes préoccupations ?
Amèle Debey :
Je fais un point d’honneur à ne pas traiter des sujets selon mon point de vue personnel. L’Impertinent remet l’information au service du public, avec une lecture du temps qu’on vit. On ne réagit pas à chaud, ce sont des enquêtes, des interviews avec du recul.
Louis Fouché :
Il y a une périodicité fixe ?
Amèle Debey :
Oui, une publication hebdomadaire le dimanche, matin ou soir.
Survie économique
Louis Fouché :
Pour beaucoup de médias alternatifs, la survie économique est un problème. Et pour L’Impertinent ?
Amèle Debey :
Le lecteur reste souverain grâce aux abonnements, seul financement. Tant qu’il y en a assez, ça tourne. S’ils baissent à cause d’une baisse de qualité, je remettrai en question la pérennité. En Suisse, où la vie est chère, j’ai un travail alimentaire à côté, je ne peux pas en vivre.
Louis Fouché :
C’est une aventure joyeuse ou stressante ?
Amèle Debey :
En Suisse, on est moins pris à la gorge par la bureaucratie qu’en France. La périodicité est régulière depuis l’année dernière, avant c’était moins stressant, mais j’avais toujours le souci de fournir une info pertinente. Travaillant seule, je fais relire mes textes pour éviter les biais. Depuis que c’est hebdomadaire, je ressens la pression de ne pas décevoir, je prends au sérieux les attentes des abonnés.
Louis Fouché :
À l’heure d’une presse poubelle qui assume de produire du médiocre, toi tu portes une responsabilité, regardant tes articles avec distance, en disant "j’ai fait de mon mieux" ?
Amèle Debey :
Oui, c’est ma priorité.
Accès aux sources et réactions du public
Louis Fouché :
Arrives-tu à interviewer qui tu veux ? C’est difficile ?
Amèle Debey :
J’ai été surprise d’y arriver. J’ai eu Julian Assange, Paul Watson – arrêté au Groenland, risquant l’extradition au Japon pour avoir sauvé des baleines –, Jacques Attali, Jean-Marc Jancovici sur l’écologie, le président de la Confédération suisse. Mais certains, comme le ministre suisse de la Santé, refusent malgré mon insistance. J’ai eu Didier Raoult et Dieudonné après beaucoup d’efforts. Je prends des risques dans mes enquêtes et opinions, car les gens, habitués aux réseaux sociaux, supportent mal les idées contraires, ce qui cause des désabonnements. Chaque perte a un impact, mais je refuse de caresser dans le sens du poil.
Louis Fouché :
La censure mainstream pourrait venir d’une attente du public d’être rassuré, sans contradiction. Ça se retrouve dans la résistance aussi, cherchant un discours rassurant.
Amèle Debey :
Oui, c’est prépondérant dans la société. À l’école, on adapte au confort au lieu d’élever les esprits. C’est contraire au devoir d’un journaliste ou d’un enseignant. On enseigne un monde idéalisé, pas la réalité, préparant mal les enfants.
Louis Fouché :
L’Impertinent ne cherche pas à rassurer comme une histoire du soir ?
Amèle Debey :
Non, je prends ce risque, ce n’est pas confortable, mais c’est ma mission.
Valeurs et figures inspirantes
Louis Fouché :
La liberté et le courage sont tes valeurs ? Tu as cité Assange et Watson. Peux-tu en dire plus ?
Amèle Debey :
Paul Watson, cofondateur de Greenpeace et Sea Shepherd, incarne liberté, non-conformisme et courage. Viré de ses propres mouvements pour son refus de compromis avec les gouvernements, il préfère l’agressivité non violente. Arrêté via Interpol, il risque l’extradition au Japon à 73 ans. Sea Shepherd défend les océans avec action directe, pas de blabla.
Louis Fouché :
Ça secoue le filet. Les systèmes institutionnels finissent-ils tous par stagner, obsédés par leur survie ?
Amèle Debey :
Oui, par confort et manque de courage. On l’a vu avec les soignants suspendus : les systèmes deviennent incestueux, condamnant les élans disruptifs à une vie nue.
Vie quotidienne d’une journaliste
Louis Fouché :
Comment est la vie quotidienne d’une journaliste ?
Amèle Debey :
Je lis beaucoup, de sources variées, pas seulement les journaux. J’écoute les conversations dans les cafés – souvent plus fines que les experts TV. Je doute, remets en question les vérités assénées : d’où viennent-elles, pourquoi maintenant ? C’est un mode de vie inconfortable, mais j’adore plonger dans des univers différents via les interviews. Les sujets qui ne m’intéressent pas au départ sont souvent plus réussis, traités avec plus de recul.
Louis Fouché :
Un journalisme comme une anthropologie immersive, sensible, avec une curiosité enfantine ?
Amèle Debey :
Oui, découvrir est joyeux, ça connecte au monde. Rester dans l’entre-soi enferme.
Perception de l’époque post-Covid
Louis Fouché :
Tu es témoin d’une transition d’époque depuis 2020. Comment vois-tu ce moment sociétal ?
Amèle Debey :
C’est difficile de fixer une vérité, je vois plusieurs facettes. Le Covid a habitué à une soumission acceptée, polarisant les idées, éloignant du vivre-ensemble. La violence latente dans les rapports est palpable, mais cette énergie peut être créatrice. J’espère un apaisement et que les gens reprennent leur pouvoir, sans attendre des politiciens. Nous devons créer le monde que nous voulons.
Louis Fouché :
Une soumission apathique polarise et rend l’autre ennemi, mais chacun a le pouvoir d’agir, comme toi avec L’Impertinent. D’autres exemples autour de toi ?
Amèle Debey :
En Suisse romande, le Covid a fait émerger des élans citoyens, des médias alternatifs. L’Impertinent se distingue par ses enquêtes, laissant les lecteurs conclure, pas leur dire quoi penser. Sans le Covid, je n’aurais peut-être pas créé L’Impertinent. Ça a révélé du gris, pas du noir et blanc.
Louis Fouché :
Ça a changé ma vie aussi. Je redonne la parole à ceux qui me l’ont donnée, montrant les belles initiatives.
Fonctionnement et avenir de L’Impertinent
Louis Fouché :
La baseline de L’Impertinent : un média alternatif sans conflits d’intérêt, financé par les lecteurs, acceptant leur jugement ?
Amèle Debey :
Oui, avec une liberté dans cette contrainte, offrant un regard nuancé pour que les lecteurs concluent eux-mêmes.
Louis Fouché :
Un backlash récent sur les JO ?
Amèle Debey :
Oui, ma chronique sur la cérémonie d’ouverture a déplu, causant des désabonnements. Je la republierai dimanche pour la rentrée, assumant le risque. Si les gens veulent du mainstream, qu’ils aillent ailleurs.
Louis Fouché :
C’est écrit uniquement ? Pas de vidéos ?
Amèle Debey :
J’aime écrire, mais j’ai une chaîne YouTube (Impertinent TV), un peu abandonnée, et un podcast Spotify avec un débat. Je tâtonne, je teste selon les retours des lecteurs.
Louis Fouché :
Besoin d’aide ?
Amèle Debey :
Le journalisme ne s’improvise pas, mais la rubrique opinion et culture accueillent des contributions. J’ai besoin d’ingénieurs web pour le référencement Google et de juristes – j’en ai un via mon syndicat, mais plus ne fait pas de mal.
Louis Fouché :
Prochains articles ?
Amèle Debey :
Une interview sur la panne CrowdStrike (juillet), une d’un médecin franco-marocain à Gaza, et des enquêtes top secrètes.
Conclusion
Louis Fouché :
On te retrouve sur limpertinent.media, YouTube, podcast, newsletter. Une partie est gratuite, le reste sur abonnement. Un mot de fin ?
Amèle Debey :
Pas de fatalité dans l’hégémonie des médias dominants. Chaque lecteur compte, c’est à eux de créer le paysage médiatique qu’ils veulent. Transformer les plaintes en action, soutenir les médias indépendants comme L’Impertinent ou ton travail, Louis, rend le monde plus intéressant.
Louis Fouché :
La déploration ne suffit pas. À qui donnez-vous votre attention ? TikTok ou un article de L’Impertinent ? Merci Amèle !
Amèle Debey :
Les lecteurs sont au cœur du projet. Proposez des idées d’enquêtes via l’email du site, je les lirai avec plaisir.
Louis Fouché :
Les questions n’étaient pas préparées, ça bug parfois, mais ça donne des réponses inattendues. Merci Amèle Debey, longue vie à L’Impertinent !
[Musique de fin]
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